Intervention de Guillaume CROS sur les Indicateurs de bien être

Le PIB s’est longtemps imposé comme une source fiable pour évaluer la richesse des nations. Toutefois, la mesure de la performance économique est trop partielle pour permettre de mesurer ce qui est vraiment important pour les populations et de saisir les actions prioritaires à mettre en place. De nombreux aspects sont ignorés tels que la préservation de l’environnement, la satisfaction, le travail, la santé,...

Mesurer le bien-être des citoyens au travers de tout ce qui est susceptible d’y contribuer, est plus juste et plus éclairant pour ajuster l’action publique et de fait notre action régionale.

 

C’est ce que préconise de nombreux chercheurs depuis quelques années et notamment le rapport sur le bien-être du prix Nobel Joseph Stiglitz, rédigé pour la France en 2009. Joseph Stiglitz nous montre que le bien-être est une notion complexe, quant à sa définition et sa mesure qui dépend à la fois d’indicateurs objectifs mesurables comme le revenu, le logement, le niveau de scolarisation, l’état de santé, mais aussi d’indicateurs subjectifs difficiles à quantifier tels que le ressenti, la satisfaction.

 

De nombreuses réflexions ont été menées pour mesurer le bien-être sur un territoire donné :

- à l’échelle mondiale avec :

- l’Indice de Santé Sociale développé par le « Fordham Institute for Innovation in Social Policy »,

- le « Better Life Index » développé par l’OCDE ;

- à des échelles locales avec :

- l’IDH 2 (Indice de développement humain régional) dans l’ex-Région Nord Pas de Calais

- « l’indicateur de bien-être soutenable territoriale » développé par l’agglomération Grenoble Alpes Métropole et la ville de Grenoble en collaboration avec différents acteurs

- le projet « BRIISE » mis en place par la région Rhône-Alpes avec les universités de Lyon et Grenoble, l’INRA ainsi que le CNRS.

 

La Région Occitanie souhaite aujourd’hui mettre en œuvre sa propre démarche en s’appuyant sur les expériences déjà menées mais en définissant des critères et une méthode adaptés à une analyse infrarégionale. Le bien-être sera étudié dans ses différentes dimensions : bien-être financier et matériel, professionnel, environnemental, sanitaire, social et sociétal.

Pour ce faire, un travail étroit avec l’INSEE et des chercheurs sera réalisé prochainement. Dans un premier temps, ce travail consistera à identifier les indicateurs quantitatifs existants et à les analyser au niveau infra régional, notamment par bassin de vie vécu. Ce travail donnera lieu à un premier bilan qui sera présenté fin 2018, puis annuellement.

Dans un second temps, le bien-être sera appréhendé d’un point de vue plus subjectif. Les citoyens d’Occitanie seront consultés via la plate-forme citoyenne pour indiquer ce qui, selon eux, définit le bien-être. Puis, une enquête sera réalisée par un institut spécialisé auprès d’un échantillon représentatif pour rendre compte de l’état de bien-être en Occitanie et analyser les différences éventuelles entre les territoires. Ce travail fera l’objet d’un bilan complet fin 2019 puis sera renouvelé tous les trois ans.

Ce travail sur le bien-être s’inscrit dans une volonté plus globale d’évaluation des politiques régionales précisée dans l’article 114 du règlement intérieur adopté en juin en 2017. Cet article prévoit, au-delà de ce bilan du bien-être, d’inclure des indicateurs ad hoc dans chaque délibération créant ou modifiant les politiques régionales votée depuis janvier 2018,

 

Il s’agit au travers de ces indicateurs de disposer d’une information objective permettant de s’assurer que les politiques et les dispositifs mis en œuvre produisent les meilleurs résultats particulièrement pour les citoyens d’Occitanie.

 

Ces indicateurs d’évaluation seront étudiés et mis en corrélation avec les indicateurs de suivi déjà existants dans les directions. Ils feront l’objet d’une observation et d’une analyse régulière par les directions concernées. Cette analyse pourra déboucher directement sur d’éventuels ajustements des dispositifs mis en œuvre pour améliorer leur efficacité. Par ailleurs, si un écart important est constaté entre les objectifs des dispositifs et ce qui est observé au travers des indicateurs de résultats ou d’impact, des études plus approfondies pourront être proposées, associant notamment les citoyens bénéficiaires, et la commission sectorielle en charge du dispositif concerné.

 

Enfin, dans un souci d’efficacité, ces indicateurs pourront être ajustés ou complétés tout le long de la mise en œuvre du dispositif si nécessaire.

Comme vous le constaterez, tout est mis en œuvre pour éclairer nos décisions et faire en sorte que celles-ci répondent au mieux aux besoins de nos citoyens.

 

Aussi, je vous propose :

 

- d’adopter les dimensions du bien-être qui seront traitées dans le bilan annuel : bien-être financier, matériel, professionnel, environnemental ; sanitaire, social et sociétal.

- d’adopter les indicateurs présentés dans le tableau joint pour les dispositifs votés en février et avril 2018