Avenir des politiques européennes après 2020

Madame la Présidente, chers collègues, il est essentiel de rappeler l’importance d’un ancrage territorial des politiques de l’Union européenne (UE).

La politique de cohésion, déployée et gérée au niveau régional, constitue une politique clé et emblématique pour l’avenir de l’Europe. Représentant près d’un tiers de son budget sur la période 2014-2020, la politique de cohésion est la principale politique d’investissement de l’UE qui, de par son caractère redistributif, met en œuvre le principe de solidarité entre et au sein des territoires. De plus, elle est la plus visible et la plus proche des citoyens européens.

 

L’incertitude qui pèse sur l’avenir des politiques européennes après 2020 risque d’en éloigner un peu plus les citoyens.

Il s’agit aujourd’hui pour les partisans de l’Union de réfléchir à la manière d’associer plus directement les peuples aux décisions prises à Bruxelles afin qu’ils les appréhendent mieux.

Comme souvent ces dernières années, l’Union européenne se retrouve au cœur de la tourmente. La crise des migrants a laissé apparaître des lignes de fracture profondes et offre une tribune à des dirigeants tels que Viktor Orban, chantre du repli souverainiste.

Le blocage de l’Aquarius n’est finalement que l’avatar d’une défaillance des mécanismes européens de solidarité. Il apparaît aujourd’hui d’une absolue nécessité de réformer un règlement de Dublin à bout de souffle qui symbolise une impuissance à définir un équilibre entre responsabilités des Etats et solidarité européenne.

Cette incapacité à arrêter des solutions équitables a créé les conditions de l’arrivée aux affaires en Italie du premier gouvernement d'alliance entre un jeune mouvement populiste et un parti d'extrême droite. Elle contribue, par là même, à l’apparition de lignes de fracture susceptibles d’anéantir le projet européen.

Les débats autour du Brexit ont, par ailleurs, conduit une partie des conservateurs britanniques à rejeter l’Union identifiée comme la cause de tous les maux du Royaume-Uni. Une nouvelle fois, l’Union, ses citoyens mais aussi le Royaume-Uni se trouvent pris en otage de querelles intestines au parti conservateur dont l’irresponsabilité de certains des leaders n’a d’égale que leur incompétence.

Dans la perspective des élections européennes du printemps 2019, les clivages s’affirment et chacun a tendance à forcer le trait pour construire une polarisation artificielle autour de l’avenir de l’Europe.

Alors que les opinions publiques sont traversées par des réflexes nationalistes forts, l’Union se trouve ainsi dans l’obligation d’instaurer des mécanismes de partage de souveraineté face à la montée des égoïsmes.

L’émergence en Europe d’un sentiment d’appartenance à une communauté de destin devient ainsi de plus en plus prégnante. La solidarité s’impose comme la seule voie possible pour répondre aux nombreux défis auxquels nous faisons face. Ne laissons pas les discours caricaturaux se propager, rappelons à nos dirigeants leurs obligations à penser l’avenir et soyons intransigeants quant à la nécessité de dessiner des solutions à l’échelle régionale et européenne et non uniquement de nos Etats. Nous aurons ainsi fait une partie du chemin vers une Union qui nous ressemble et nous rassemble.