Taxation du Kérosène et du Fioul lourd - Intervention de Guillaume CROS (2 minutes)

Les 15 et 16 mars dernier ont marqué un moment important de la mobilisation en faveur du climat. Important par le nombre de jeunes et de citoyens mobilisés partout en France et dans le monde mais aussi par la jonction de revendications écologiques et sociales. Il n’y a pas de justice climatique sans justice sociale et fiscale et pas de justice sociale et fiscale sans transition écologique.

 

Dès lors, alors que les conséquences lourdes des dérèglements climatiques sont déjà là, et que les populations les plus vulnérables en sont les premières victimes, toute mesure en matière d’une fiscalité carbone, d’une taxation du diesel, doit s’accompagner de dispositifs permettant aux revenus modestes de se déplacer en réduisant l’usage de la voiture. Il en va de la réussite de la transition écologique.

Mais la fiscalité écologique ne pourra être comprise et mise en œuvre que si les efforts sont partagés, que si elle répond aux enjeux de justice sociale, via la redistribution de ses recettes dans des actions de transition concrètes et des mesures d’accompagnement pour celles et ceux qui en ont besoin.

Agir pour le climat, c’est agir surtout à l’encontre des pollueurs les plus importants. Or, encore aujourd’hui, certains secteurs comme les carburants maritimes et aériens sont exemptés de taxes.

Ainsi, le transport aérien qui utilise du kérosène émet 14 à 40 fois plus de CO2 que le train, par kilomètre parcouru et par personne transportée. Le secteur maritime, qui transporte près de 90% des marchandises à travers le monde est responsable de 60 000 décès prématurés chaque année en Europe : pourquoi ? en raison de la pollution qu’il génère ! A titre d’exemple, la première cause de pollution dans une ville comme Marseille est due au fioul lourd ! A ce jour, la fiscalité carbone des ménages est 3 à 6 fois plus taxée que celle des grands pollueurs : une situation injuste qui doit cesser et qui fut au cœur des revendications exprimées les 15 et 16 mars.

Aujourd’hui le principe pollueur-payeur doit s’appliquer à tous, en supprimant les cadeaux fiscaux accordés aux modes de transport les plus pollueurs. En France, la taxation des vols intérieurs (possible puisque des pays comme les États-Unis, le Brésil, la Norvège, ou le Japon l’ont mise en place) pourrait rapporter près de 500 millions d’euros.

Avec ces exonérations de taxes, l’État se prive donc de moyens qui pourraient être utilisés – pourquoi pas par les Régions, compétentes en matière de mobilités et de développement durable – pour accentuer le développement de solutions de mobilités durables, soutenir l’effort financier des territoires en faveur de la transition écologique et énergétique, des transports, qu’ils soient ferroviaires, ruraux, périurbains ou urbains.

La transition écologique doit être juste. C’est pour cela que les élus écologistes appellent de leurs vœux à arrêter de succomber aux sirènes des lobbies pétroliers et ainsi à mettre fin aux niches fiscales dont bénéficient le kérosène (sur les vols intérieurs dans un premier temps, puis en révisant la convention internationale de Chicago de 1944) et le fioul lourd (pour les bateaux de croisière et porte-conteneurs).